Entre les pénuries de logements et la sensibilisation aux habitations vertes, la question des superficies est rarement remise en question. Il s’agit pourtant d’un enjeu de taille ! Un couple passionné d’immobilier fait la démonstration qu’on peut vivre confortablement dans un petit espace.
Dès leur première rencontre, Liv Siv-Ing et David Territo ont commencé à parler d’immobilier. « On était tout jeunes et les terrains ont été notre premier sujet de conversation ! », relate Liv Siv-Ing en riant.
Une passion commune qui a contribué à les rapprocher, puisqu’ils sont en couple depuis 11 ans. Elle est dans le secteur de la vente, lui dirige le magasin de meubles Casavogue, fondé par ses parents. Ils voulaient réaliser un projet ensemble. « On a toujours regardé des terrains et un jour, on a découvert cet emplacement de 1800 pieds carrés sur lequel il y avait une shoebox et un vieil immeuble », poursuit-elle.
Liv Siv-ing et David Territo, propriétaires de Territo Appartements boutique, dans un de leurs minilogements
Le concept de la shoebox a inspiré leur projet. Ils ont tout démoli pour y construire au total sept logements compacts (6 miniappartements, plus la shoebox) afin de démontrer que le confort ne dépend pas nécessairement de la superficie d’un logement. « Il y a une unité avec une pièce ouverte de style loft ; trois unités avec deux petites chambres ; deux unités avec une chambre et une unité à deux étages qui reproduit vraiment l’idée de la shoebox », détaille David Territo.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
L’immeuble de Territo Appartements boutique compte six minilogements, complétés par la shoebox, à droite.
Optimiser, éclairer, décorer
L’autre source d’inspiration de Liv et David vient de leurs divers séjours en bateau. « C’est impressionnant de constater que les cabines [chambres] à l’intérieur peuvent être hyper confortables, parce que l’espace est très bien pensé, que chaque recoin est utilisé pour mettre un placard, un tiroir, etc., certifie la jeune femme. C’est ce qu’on voulait vraiment retransmettre dans notre projet en planifiant tout adéquatement pour maximiser la surface. »
Le couple contacte alors l’architecte Luc Denis, interloqué par sa demande peu banale de faire des minilogements. « Ce n’est pas dans la culture ici, puisque les gens sont habitués à vivre dans des grands espaces, remarque Liv, d’origine parisienne.
« Il y a souvent des espaces qui ne servent à rien quand on a une grande maison. On voulait que chaque pied carré soit bien réfléchi pour être utile. »
Liv Siv-Ing
Guidés par l’architecte et par la designer Joy Moussa, les propriétaires travaillent alors d’arrache-pied pour concevoir des appartements invitants, fonctionnels et qui respirent malgré leur taille réduite. Plusieurs portes intérieures sont coulissantes ; de nombreux meubles ont été réalisés sur mesure, notamment dans les chambres à coucher, afin d’intégrer des tiroirs sous le lit, pour les armoires en hauteur ou encore le minibureau qui fait aussi office de table de chevet. Dans certaines cuisines, la table se déploie en ouvrant un tiroir et les appareils électroménagers à l’européenne, donc moins larges que nos standards, permettent également de gagner de la place.
La lumière naturelle contribue à l’effet de grandeur.
Outre l’optimisation de l’aménagement, d’autres éléments favorisent un sentiment de grandeur. « On a beaucoup joué avec les hauteurs des plafonds [plus de 8 pieds] et la taille des fenêtres a été très importante pour créer une ambiance aérée en plus d’apporter beaucoup de lumière », détaille David Territo. À la tombée du jour, des encastrés illuminent les pièces sans casser l’effet de hauteur. Autre atout : les balcons, véritables prolongements des intérieurs, sont suffisamment larges pour installer une table et des chaises.
Déclinée en blanc et bois clair, l’enveloppe globale contribue à agrandir les pièces, tandis que les choix décoratifs les personnalisent. « On reste dans des tons très neutres, mais chaleureux avec des teintes de terre, des jaunes, des roses, pour qu’il y ait un esprit unique dans chaque appartement », précise David, qui souligne l’importance d’ajouter des touches joyeuses et tendance à ses appartements.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Chaque logement jouit d’un balcon ou d’un jardinet.
Vivre chacun chez soi et en communauté
Si les locataires profitent d’un balcon privé ou d’un minijardin, ils peuvent aussi accéder à partir de leur appartement à une vaste terrasse communautaire sur le toit, où sont disposées des tables de pique-nique. Les propriétaires prévoient installer un support à vélos à l’arrière de l’immeuble, qui donne sur la ruelle. « Ici, on est à deux minutes à pied du métro. Il y a des commerces de proximité, un terrain de tennis à côté. C’est un nouveau quartier très effervescent entre Ville-Marie et Hochelaga », affirme Liv.
Ces appartements au concept ingénieux seront loués meublés, et donc surtout destinés à des personnes qui ont besoin d’un logement provisoire pendant un ou plusieurs mois, comme des étudiants ou de nouveaux arrivants.
